Fini le temps où tout le monde recevait les mêmes messages télé ou radio, dans un mode uniforme. Aujourd’hui, dès que vous faites une recherche, vous recevez de l’information sur mesure, filtrée sur votre localisation, vos centres d’intérêts, vos clics précédents. Sur les réseaux sociaux, c’est le principe du bouche à oreille qui vous fait découvrir des actualités. Comment prendre conscience d’un phénomène de personnalisation de l’information qui s’accentue pour ne pas s’enfermer dans une bulle d’information ?
Votre réseau décide pour vous
De plus en plus de plateformes, Twitter, LinkedIn et bien d’autres, vous proposent des résumés d’informations que vos amis ont lues, comme une synthèse des actualités du jour qui pourraient vous intéresser. Le moteur de recherche Google trie les résultats de vos recherches en fonction de votre historique, de votre géolocalisation et de vos préférences. Avec le web d’aujourd’hui, beaucoup d’indicateurs sur votre comportement et votre profil viennent interférer sur ce que vous allez obtenir au détriment de pouvoir explorer des informations éloignées de votre monde.
La personnalisation de l’information
« Ce qui est dangereux », explique Eli Pariser dans une conférence TED de 2011, « c’est qu’on ne se rend pas forcément compte de l’information qu’on ne voit pas, et qui a peut-être été rejetée par Google. Cet activiste du web y démontre que «notre univers en ligne est contraint à une organisation de l’information mise en place à notre insu, à partir des différentes données collectées, traces numériques et fonctionnement des algorithmes. » Il a été le premier à dénoncer ce phénomène de « bulles de filtres ».
En 2018, la tendance s’est renforcée. Lors de la dernière conférence de Google IO, l’entreprise a annoncé un Google News avec encore plus de personnalisation. L’interface propose un tri des actualités par histoires, c’est-à-dire que les sujets importants sont regroupés par thème identique grâce à de l’intelligence artificielle. Une rubrique « pour vous » sélectionne des informations selon vos intérêts, votre localisation.
Le vrai filtre, c’est le choix de nos amis sur les réseaux sociaux plus que l’algorithme
« La bulle, c’est nous qui la créons» répond Dominique Cardon, sociologue, à une accusation de « bulles de filtres » dont on serait soumis et incapable de se libérer. De plus en plus de monde ne s’informe que via les réseaux sociaux, et à ce moment-là, c’est comme dans la vraie vie : « le filtre, c’est le choix de nos amis, plus que l’algorithme de Facebook ». Reste donc à cultiver un environnement d’amis et de lectures qui peuvent vous ouvrir à d’autres idées que les vôtres.
Quelques conseils pour élargir votre écosystème d’information
- Regardez comment fonctionne les algorithmes qui trient l’information que vous recevez depuis votre moteur de recherche ou depuis les fils d’actualités des réseaux sociaux.
- Suivez des gens qui ne pensent pas comme vous.
- Suivez des gens que vous ne connaissez pas physiquement.
- Restez toujours un utilisateur actif et curieux : sur YouTube, par exemple, ne sombrez pas dans les suggestions proposées et faites vos propres recherches.
- Effacez vos historiques de temps en temps pour ne pas donner trop de traces.
Pour aller plus loin
- Eli Pariser, Talk TED conference, 2011, “Beware on line “filter bubble”
- Slate.fr, Passer le test : êtes-vous dans votre bulle ?
- La liberté, Cinq astuces pour percer sa bulle de filtres
- Dominique Cardon, Généalogie des réseaux sociaux, MOOC Digital Media, Interview vidéo, 2015
- Les mondes numériques, Bulles de filtre et démocratie
- Vidéo : “Comment s’informer aujourd’hui”, Rémy Rieffel